Jennifer

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Crédit photo : Sophie Clément

jeudi 13 juin 2013

Ma voisine dérange (Michèle Gélinas, 2012)

Dans le cadre de mon travail à la Société d'histoire et de généalogie de Louiseville, j'ai l'occasion de faire des chroniques historiques à la radio, tous les mercredis vers 15h15. Pour m'entendre, syntonisez le  103,1 FM à l'heure du Retour de Maski avec Alex Trudel (http://www.ch2ofm.com/). Hier, j'ai parlé d'un livre que j'aimerais vous faire découvrir : Ma voisine dérange de Michèle Gélinas. Publié en 2012 aux Éditions GID, il s'agit d'un recueil de portraits de femmes d’un autre siècle qui rassemble les histoires de vingt-et-une dames de la région du Nord du lac St-Pierre qui ont vécu entre la Conquête (1763) et la Confédération (1867). Ce ne sont pas des vies paisibles et conventionnelles qui sont racontées dans l’ouvrage de Michèle Gélinas. Au contraire, comme son titre l’indique, le livre porte sur des femmes qui ont dérangé dans la société de l’époque dans laquelle elles ont vécu. L’ouvrage historique très bien documenté peut vraiment être abordé comme un roman, car les historiettes sont dignes des fictions les mieux ficelées : plus croustillantes les unes que les autres. Par exemple, la vie de Thérèse de Cabanac, femme du18e siècle, n’est pas de tout repos. Thérèse est née en 1743 à Montréal et son père, a été nommé commandant du fort Frontenac en 1746 (aujourd’hui Kingston en Ontario). Il faut savoir que Mlle de Cabanac ne se mariera jamais et que sa famille s’éteint doucement au fil des ans. Elle se retrouve donc rapidement sans beaucoup de ressources, et son chemin va croiser celui d’un homme très influant dans le clergé de Trois-Rivières. Il s’agit du grand vicaire St-Onge. Propriétaire de la belle maison que l’on trouve encore aujourd’hui à l’angle des rues Notre-Dame et Saint-François-Xavier en face de l’Église Saint-James à Trois-Rivières, il va héberger sa supposée cousine, c’est-à-dire Thérèse de Cabanac, pendant une longue période de sa vie. Pourtant, les liens qui unissent nos deux protagonistes n’ont rien de familiaux. En réalité, la relation de Thérèse et du grand vicaire est très suspecte pour les gens de l’époque et a fait couler beaucoup d’encre. Monseigneur Briand, à Québec, écrit au fameux grand vicaire St-Onge en 1777 : « Si vous aviez une mère ou une sœur chez vous, on pourrait dire que Mlle de Cabanac viendrait leur tenir compagnie, mais elle ne peut venir que pour vous et certes, cela n’est pas édifiant, et surtout dans la place que vous tenez » (cité dans Gélinas, 2012). Voilà donc ce que l’on peut apprendre dans Ma voisine dérange de Michèle Gélinas. On voit un peu ce qu’étaient les coulisses de l’histoire avec un grand H, ce qui n’est pas nécessairement raconté dans les manuels scolaires et, selon moi, c’est ce qui est le plus amusant. D’ailleurs, un autre portrait de femme a attiré mon attention. Louise Vanasse, qui a vécu au 19e siècle, a eu une vie extraordinaire. Elle a quitté la région de Maskinongé après un mariage raté et le décès prématuré de ses deux seuls enfants. Comme elle part à l’aventure seule, elle décide de s’habiller en homme pour sa sécurité et pour trouver du travail. Dans sa vie, elle a été bûcheron, elle a travaillé sur des bateaux de pêche, puis elle est revenue à Rivière-du-Loup (aujourd’hui Louiseville) à la fin de ses jours. Elle a toujours porté des cheveux courts ainsi que des vêtements d’homme et on disait également qu’elle osait même jurer, chiquer, cracher et que les enfants la craignaient énormément. Michèle Gélinas conclut que Louise, surnommée la Grand Menaille, a adopté toutes les caractéristiques qui ont fait d'elle un homme. Évidemment qu’au 19e siècle, cette attitude si peu commune aux femmes a choqué. J’avoue que, même aujourd’hui, son histoire nous surprend encore énormément! Pour d'autres histoires rocambolesques, lisez le livre de Michèle Gélinas!

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