Dans le cadre de mon travail à la Société d'histoire et de généalogie de Louiseville, j'ai l'occasion de faire des chroniques historiques à la radio, tous les mercredis vers 15h15. Pour m'entendre, syntonisez le 103,1 FM à l'heure du Retour de Maski avec Alex Trudel (http://www.ch2ofm.com/). Hier, j'ai parlé d'un livre que j'aimerais vous faire découvrir : Ma
voisine dérange de Michèle Gélinas. Publié en 2012 aux Éditions GID, il s'agit d'un recueil de portraits de femmes d’un
autre siècle qui rassemble les histoires de vingt-et-une dames de la région du
Nord du lac St-Pierre qui ont vécu entre la Conquête (1763) et la Confédération
(1867). Ce ne sont pas des vies paisibles et conventionnelles qui sont
racontées dans l’ouvrage de Michèle Gélinas. Au contraire, comme son titre
l’indique, le livre porte sur des femmes qui ont dérangé dans la société de
l’époque dans laquelle elles ont vécu. L’ouvrage historique très bien documenté
peut vraiment être abordé comme un roman, car les historiettes sont dignes des
fictions les mieux ficelées : plus croustillantes les unes que les autres.
Par exemple, la vie de Thérèse de Cabanac, femme du18e siècle, n’est
pas de tout repos. Thérèse est née en 1743 à Montréal et son père, a été nommé
commandant du fort Frontenac en 1746 (aujourd’hui Kingston en Ontario). Il faut
savoir que Mlle de Cabanac ne se mariera jamais et que sa famille s’éteint
doucement au fil des ans. Elle se retrouve donc rapidement sans beaucoup de
ressources, et son chemin va croiser celui d’un homme très influant dans le
clergé de Trois-Rivières. Il s’agit du grand vicaire St-Onge. Propriétaire de
la belle maison que l’on trouve encore aujourd’hui à l’angle des rues
Notre-Dame et Saint-François-Xavier en face de l’Église Saint-James à
Trois-Rivières, il va héberger sa supposée cousine, c’est-à-dire Thérèse de
Cabanac, pendant une longue période de sa vie. Pourtant, les liens qui unissent
nos deux protagonistes n’ont rien de familiaux. En réalité, la relation de
Thérèse et du grand vicaire est très suspecte pour les gens de l’époque et a
fait couler beaucoup d’encre. Monseigneur Briand, à Québec, écrit au fameux
grand vicaire St-Onge en 1777 : « Si vous aviez une mère ou une sœur
chez vous, on pourrait dire que Mlle de Cabanac viendrait leur tenir compagnie,
mais elle ne peut venir que pour vous et certes, cela n’est pas édifiant, et
surtout dans la place que vous tenez » (cité dans Gélinas, 2012). Voilà donc ce que l’on peut
apprendre dans Ma voisine dérange de Michèle
Gélinas. On voit un peu ce qu’étaient les coulisses de l’histoire avec un grand
H, ce qui n’est pas nécessairement raconté dans les manuels scolaires et, selon
moi, c’est ce qui est le plus amusant. D’ailleurs, un autre portrait de femme a
attiré mon attention. Louise Vanasse, qui a vécu au 19e siècle, a eu
une vie extraordinaire. Elle a quitté la région de Maskinongé après un mariage
raté et le décès prématuré de ses deux seuls enfants. Comme elle part à
l’aventure seule, elle décide de s’habiller en homme pour sa sécurité et pour
trouver du travail. Dans sa vie, elle a été bûcheron, elle a travaillé sur des
bateaux de pêche, puis elle est revenue à Rivière-du-Loup (aujourd’hui
Louiseville) à la fin de ses jours. Elle a toujours porté des cheveux courts
ainsi que des vêtements d’homme et on disait également qu’elle osait même
jurer, chiquer, cracher et que les enfants la craignaient énormément. Michèle Gélinas
conclut que Louise, surnommée la Grand Menaille, a adopté toutes les
caractéristiques qui ont fait d'elle un homme. Évidemment qu’au
19e siècle, cette attitude si peu commune aux femmes a choqué. J’avoue que,
même aujourd’hui, son histoire nous surprend encore énormément! Pour d'autres histoires rocambolesques, lisez le livre de Michèle Gélinas!
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